
Charles Juliet au présent
© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

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Raoul UBAC
Champ jaune - 1965
Entre 23 ans et 79 ans, Charles a travaillé chaque texte de son parcours d'auteur avec application et désir de trouver "le mot juste". Il a creusé, creusé en lui-même et sur la page, "une route toute droite" ... C'est ce qu'il nous a dit un jour avec une mimique de satisfaction, en faisant un geste précis avec la main. Il y a fort longtemps que nous le lisons et savions qu'il méritait la reconnaissance de ses pairs à la hauteur de l'engagement de toute une vie, de toute une énergie et d'une extrême exigence dans la volonté de rester accessible au plus grand nombre. Ses fidèles lecteurs ont à coeur de ne pas le voir perturbé par cette notoriété soudaine qui n'a que l'intérêt de mettre en avant une oeuvre majeure de ces temps où chacun, chacune semble chercher sa respiration dans un monde désordonné, maltraitant et bien trop souvent déboussolé. L'écriture poétique de Charles Juliet est pour nous l'antidote au désespoir car elle invite à récurer les plaies en soi, pour soulager celles des contemporains, en leur proposant de s'atteler pour eux-mêmes à la recherche du "regard inversé", sorte de soc labourant la mémoire à rebours, dans l'espoir de faire remonter à la surface la composition des racines qui conditionnent la vision déviée et la souffrance au présent. Ecrire c'est guérir aussi !
4 Décembre 2013 | Marie-Thérèse PEYRIN
Le poème est un pansement vitalisant :
toi qui t'abreuves
aux sources profondes
qui jouis de la réponse
sans avoir eu
à poser la question
qui te confonds
avec la terre
de mes collines
qui a connu
tant de saisons
d'heures torrides
de nits où
les pierres éclataient
ouvre -moi
le chemin
assiste-moi
au long
de la spirale
aide-moi
à naître
MOISSONS, P.O.L , p. 180